Identité vs présence numérique

Peut-être commencer par le début. Il y a un an, à part quelques publications universitaires, éducation nationale et quelques albums photos sur Flickr, il n’y avait rien de moi sur le web visible. J’étais et je reste d’ailleurs vigilante à ne publier aucune photo de personne identifiable à travers moi. Ingénieure en informatique, ce n’est pas pour moi un problème de maîtrise de l’outil. Alors surprotectrice ou super stressée ? Non, simplement pas de besoin de partage à ce niveau. Et puis je me suis inscrite l’an dernier en master AIGEME qui proposait la construction d’un ePortfolio public. Pas de publications, pas d’échanges, moins d’apprentissage : je n’ai donc pas hésité ce qui ne veut pas dire que j’ai publié sans réfléchir !

Dans le webinaire de cette semaine, Louise MERZEAU préfère parler de présence numérique plutôt que d’identité. Elle relie l‘identité numérique aux traces anxiogènes que l’on dépose et à la gestion marketing de l’image de soi qui est exploitée ici ou là. Elle oppose cette identité à la présence numérique plus authentique et plus riche d’une dimension temporelle. Elle souhaite, par là, sortir de l’opposition entre vie réelle et vie numérique, en suggérant que si frontière il y a, c’est plutôt celle de la représentation par rapport à la présence authentique. Elle constate un durcissement de la notion d’identité numérique à travers les nombreuses injonctions qui nous sont faîtes de soigner son image comme on le ferait d’une marque. A la remarque de Christine Vaufrey qui évoque tous ceux qui n’osent pas s’exprimer sur le web : à quoi bon, d’autres l’ont dit bien mieux que moi … , Louise Merzeau propose d’oublier un moment l’expression pour s’approprier tranquillement les espaces numériques par notre fréquentation de certains lieux et nos déplacements à travers la toile. Quant à la publication, elle nous invite à ne pas viser la maîtrise sous peine de passer à côté de l’intérêt de ces espaces. Il faut pourtant une certaine confiance en soi pour parvenir à cet état d’esprit, assurance que certains obtiennent uniquement par une maîtrise relative des sujets.

Ce qui est éventuellement anxiogène ou générateur de prudence, ce ne sont pas les traces numériques involontaires qu’on laisse un peu partout et qui peuvent être exploitées tout autant que nos traces volontaires. Ce sont bien ces publications, ces messages laissés qui pourraient nous encombrer plus tard, demain ou dans cinq ans, ne plus nous représenter … La réponse apportée reste : Renoncez à contrôler toutes vos traces ! Et pour qu’elles ne nous dérangent plus, prenons conscience que toutes les traces ne prennent sens que dans un contexte et dans un temps donné. Et si on ne s’interdit pas d’exister numériquement, la quantité de nos traces diluera l’importance de chacune d’entre elles ! 

Une question étonnante pour moi émerge alors du débat : comment faire l’unité entre ces petits morceaux qu’on laisse de soi dans les divers lieux du web qu’on fréquente ? Soit, je conçois qu’on lâche prise et qu’on admette l’existence de traces qui pourront ne plus nous représenter, mais pourquoi vouloir unifier ? Un parallèle est fait avec le vie réel et les différents cercles que nous fréquentons et pour lesquelles nous présentons des facettes différentes sans que cela nous gêne. Mais si cela ne nous gêne pas, c’est précisément parce que ces cercles sont relativement étanches et que les différentes facettes de nous n’y circulent pas librement. L’unité, c’est nous qui la constituons même si c’est avec les autres que nous nous construisons. Ce n’est pas le cas des espaces numériques.

En conclusion, je reviens sur la question d’introduction de cette quatrième semaine : Faites-vous partie de ceux qui ont le sentiment qu’un projecteur se braque sur eux dès qu’ils publient le moindre mot sur le net , les désignant alors au monde entier ? Ou à l’inverse, considérez-vous le web comme un gigantesque carnet de notes personnel ? Je ne fais certainement pas partie de la première catégorie, ce qui est très désinhibant mais si le web est un gigantesque carnet de notes personnel, j’ai à l’esprit qu’il peut être ouvert par tous ceux qui pourraient tomber par hasard ou par mégarde dessus !

Un peu plus :
Centre National de Documentation Pédagogique – Savoirs CDI : Entretien avec Louise Merzeau : quelle présence numérique ?
Un dossier de la CNIL : Vos traces 

Une présentation de Magalie Bossuyt E-réputation et identité numérique

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