Le Module 5 d’eLearn2 traite des activités qui peuvent être proposées aux apprenants pour les amener à acquérir les compétences définies par les objectifs de la formation. Pour faire le lien avec le module précédent, on peut supposer que le type d’activités proposées et leur adéquation avec les objectifs fixés entrent en compte dans la motivation des apprenants. Les questions qui se posent sont donc les suivantes :
- Comment permettre à vos apprenants de développer, en ligne, les apprentissages attendus ?
- Comment rendre les apprenants actifs quand ils sont à distance ?
- Qu’est-ce que des apprenants peuvent FAIRE, quand ils sont en ligne ?
Les participants d’eLearn2 ont été conviés à construire un wiki sur le thème des d’activités d’apprentissage sur la plateforme Claroline auquel j’ai participé de façon modeste. Je m’inspire de ce travail collaboratif et de mon expérience pour retenir certaines de ces activités pouvant intervenir dans les deux contextes qui m’intéresse directement :
Les activités que je retiens dans le cadre de formations hybrides courtes pour la formation continue d’enseignants (c’est donc le « court » de ce contexte qui oriente ces choix) :
Le débat via un forum :
Principe :
Le débat permet aux participants d’exprimer leurs croyances ou leurs idées sur un sujet. Ecrire organise et structure la pensée. Mais confronter à celles des autres, les participants approfondissent, questionnent, modifient ou complètent leurs représentations.
Avantages :
– simple à mettre en place
– favorise l’émergence d’une communauté d’apprentissage
Conditions de réussite :
– le thème doit être en relation directe avec les problématiques du public concerné surtout sur des dispositifs courts.
– Il peut être difficile d’engager les apprenants à s’exprimer sur un forum, et ce, d’autant plus que la formation est courte. Il faut s’assurer qu’il n’y a pas de problème de maîtrise de l’outil. Une première activité qui invite chaque participant à poster dans un forum permet de dépasser cette difficulté.
– Il est intéressant de planifier le débat dans le temps (la largeur de la fenêtre dépend bien sûr de la durée de la formation), rien de plus démotivant que d’arriver sur les cendres froides d’un débat où probablement personne de viendra plus lire et réagir.
– Le débat doit se terminer sur une synthèse qui reprend les temps forts sans nécessairement conclure.
Batier Christophe et Lebrun Marcel, Les différents types de forums en elearning, 2008.
Guide d’animation d’un forum de discussion (Université de Laval).
Quiz et exercices interactifs auto-correctifs :
Utilisation :
– Intéressant en amont, pour faire un rapide tour d’horizon des représentations et pour favoriser une prise de conscience des apprenants de l’état de leurs connaissances sur un thème donné.
– En fin de module, pour avoir une idée rapide mais limitée de ce qui a été acquis.
Utilisation des réseaux sociaux :
Principe :
Utiliser différents réseaux sociaux pour des objectifs pouvant être variés. Par exemple :
– une communauté G+ (ou d’autres réseaux de ce type et selon les habitudes ou demandes des participants) pour publier, partager, échanger avec des avantages similaires à ceux des débats via les forums.
– Pinterest : selon les formations, pour constituer collectivement une banque de ressources, une bibliographie, une veille thématique, …. Activité collective mais sans lissage consensuelle.
Avantages :
– l’impact de cette activité, si elle est convaincante, perdure au-delà de la formation et initie de nouvelles pratiques de veille et de partage des participants.
Conditions de réussite :
– l’accès doit être simple et rapide pour permettre à tous, avec ou sans culture numérique, de participer. Tuto et vidéos de démonstration sont les bienvenus. Un QCM peut évaluer le niveau de maîtrise et les habitudes des apprenants pour orienter choix et aides.
Analyse critique :
Principe :
Un scénario (écrit, animé ou vidéo) qui comporte un ou des comportements, choix, … pouvant poser problème est proposé aux apprenants. Dans le cadre de la formation continue des enseignants, ces scénarios peuvent être des situations de classe, des activités pédagogiques ou des séquences pédagogiques. L’apprenant doit identifier les erreurs ou points sensibles. Cette activité est intéressante si elle est suivie d’un débat pour pouvoir confronter les regards et permettre l »approfondissement de l’analyse de chacun.
Avantages :
– des situations proches du vécu des apprenants qui favorisent la participation et la motivation.
Difficulté :
– difficulté de disposer de telles vidéos de situations de classe « non exemplaires » sans être caricaturales.
Analyse de cas :
Principe :
L’analyse de cas est une méthode qui vise à mettre l’apprenant en situation de poser un diagnostic ou d’élaborer une solution par rapport à un exemple concret qui touche à sa profession et qui doit lui permettre de développer un savoir-faire. L’analyse de cas peut être travaillée collectivement (wiki, …) ou individuellement puis suivie d’une mise en commun ou un débat des solutions envisagées.
Avantages :
– des situations proches du vécu des apprenants qui favorisent la participation et la motivation.
Ecriture collaborative :
Principe :
Différents outils, plus ou moins adaptés en fonction des publics, peuvent être proposés pour une élaboration collective d’un document. Cette écriture va compiler la somme des savoirs individuels et vise naturellement le consensus et non le débat. Les aspects polémiques sont donc souvent absents du document finalisé. Les Wikis (souvent intégré LMS) et les GoogleDocs (plus intuitifs pour des enseignants utilisant régulièrement des traitements de texte) sont sans doute les outils les plus fréquents et simple à mettre en œuvre.
Avantages :
– Ce type d’écriture développe la collaboration et l’esprit de synthèse.
– Ces outils gardent la trace de la construction commune par l’historique.
Refad – Wikis, blogues et web 2.0 : Opportunités et impacts pour la formation à distance (2010).
Les activités que je retiens dans le cadre de l’enseignement en école primaire avec des élèves (il ne s’agit pas, bien sûr, d’enseignement à distance mais de l’utilisation du numérique en classe ou en mode inversé :
Classe inversée (Flipped classroom) :
Principe :
La classe inversée est une approche pédagogique dans laquelle les lieux des tâches traditionnelles d’apprentissage sont inversés. Les élèves vont en autonomie (en classe ou à la maison) prendre connaissance (par un texte ou une vidéo) d’un nouveau concept. Le temps avec l’enseignant sera consacré, après un rappel de ce qui a été vu ou lu, à lever les incompréhensions puis à passer à l’exercisation et à la recherche.
Avantages :
Les élèves sont plus actifs, le temps avec l’enseignant est optimisé, il est présent sur les temps où les élèves rencontrent le plus de difficulté. Ce modèle permet une individualisation plus grande.
Conditions de réussite :
– Introduire progressivement cette nouvelle démarche qui réclame un apprentissage de l’autonomie pour les élèves … et une adhésion des parents à qui il est nécessaire d’expliquer le principe et ses bénéfices afin qu’ils soutiennent la démarche. Un exemple de capsule de présentation du principe à destination des parents.
– si les élèves ne bénéficient pas tous d’un accès internet à la maison, il faut organiser le temps de prise de connaissance dans la classe qui doit donc être équipée en tablettes ou en ordinateurs portables. La classe est alors divisée en deux groupes, le second est en phase d’exercisation guidé par l’enseignant.
– nécessite de disposer ou d’être en capacité de créer des capsules d’apprentissage adaptées si l’on souhaite utiliser des vidéos, sans soute plus adaptées que les textes pour des élèves du primaire.
Un exemple avec une inversion dans la classe dans une classe de CE1.
Un site bien fait : www.classeinversee.com
Quiz et exercices interactifs auto-correctifs :
Principe :
D’inspiration béhavioriste, l’apprentissage se fait par la répétition de l’excercisation. Cette activité est intéressante pour les processus cognitifs de mémorisation, de compréhension et d’application (taxonomie de Bloom), pour des types de connaissances plutôt procédurales, pour développer des automatismes.
Avantages :
– l’apprenant peut s’exercer en autonomie et répéter autant de fois qu’il le désire. Ces exerciseurs ne se valent pas tous, ceux proposant des indices, parfois à plusieurs niveaux, fournissant une aide contextualisée en cas d’erreur et un déroulé adaptatif (la question suivant dépend de la réussite de la précédente) sont bien sûr à préférer.
– le feed back immédiat permet à l’apprenant de corriger plus vite et mieux ses erreurs.
Conditions de réussite :
– ces exercices ne doivent intervenir qu’après une phase d’explication suffisante. .
– le risque de réponse aléatoire peut être limitée par différentes stratégies des exercices eux-mêmes ou en demandant expressément à l’apprenant la part de ses réponses aléatoires (vers une responsabilisation et une prise de conscience).
Une carte mentale très complète sur le potentiel pédagogique des exerciseurs de Jean-Philippe Solanet-Moulinalé ..
Mission virtuelle, cyber-enquête (webquest) :
Principe :
Une mission virtuelle est une activité de recherche orientée pour laquelle les élèves doivent chercher des information sur le web. La mission est conçue pour obliger les élèves à comprendre et utiliser l’information recueillie plutôt que de la regarder. Il s’agit d’un travail qui demande de trouver des réponses à une série de questions et d’atteindre un but défini, de traiter l’information qui se trouve à l’intérieur d’un seul site ou de naviguer entre plusieurs sites sélectionnés et de travailler en équipe. Le résultat peut prendre plusieurs formes : un journal, la rédaction d’un document, un poster constitué d’images trouvées sur le web …
Avantages :
– l’élève adopte une posture active par rapport au contenu accédé, il ne peut pas se contenter de coller-copier …
– l’activité est transdisciplinaire et transversale, elle sollicite la motivation et l’engagement des élèves et permet la mise en oeuvre du B2i .
Conditions de réussite :
– pour les élèves du primaire, il est nécessaire de spécifier toutes les ressources web à consulter.
– il convient de sensibiliser les élèves aux risques d’internet en amont de ce type d’activité .
Un exemple de mission virtuelle pour les plus grands : Voyage virtuel et réel à travers la Bretagne
Les défis internet de l’académie de Guadeloupe.
D’autres ressources :
Une carte mentale sur les techniques pédagogiques d’Olivier Legrand
Greco, Grenoble – les activités d’apprentissage
Enfin, dans le cadre de mon projet de formation, j’envisage une activité pédagogique pour la plupart des objectifs d’apprentissage :
• préciser les attentes institutionnels pour les langues vivantes et d’en dégager les grandes lignes (→ Mémoriser Niveau 1) → Quiz
• résumer les idées fortes du CECR (→ Mémoriser Niveau 1) → Débat via un forum ?
• expliquer les enjeux de chaque étape et les illustrer par des activités qu’ils auront expérimentées et/ou proposées (→ Comprendre, Niveau 2 et Appliquer, Niveau 3) → Ecriture collaborative
• évaluer une séance (filmée ?) (→ Évaluer Niveau 5) → Analyse critique
• évaluer une méthode de langue en fonction de cette structure (→ Évaluer Niveau 5) → Analyse de cas
• concevoir une séquence ou un séance sur la base de ce modèle (→ Créer Niveau 6) → Projet